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Portrait de 5 femmes noires françaises qui nous inspirent

Politiques, actrices, réalisatrices ou encore écrivaines, les femmes noires de notre pays représentent une source enrichissante et inspirante pour tous grâce à leur parcours et leurs histoires. Leur empreinte sur la France et sur le monde, à différentes échelles est une réelle motivation pour la communauté noire de France. Voici le portrait de cinq de nos icônes.

Françoise Vergès

Politologue, militante féministe « décoloniale » et auteur française d’origine réunionaise. Depuis plusieurs années, elle cherche à dénoncer la convergence des différentes formes de domination, le sexisme, le racisme et le capitalisme. Son dernier ouvrage, “Un féminisme décolonial” (La Fabrique éditions, 2019) est une suite logique à sa réflexion sur la manière dont la politique française traite les femmes racisées depuis la période de l’esclavage, après Le Ventre des femmes (Albin Michel, 2017) et l’ouvrage collectif Décolonisons les arts ! (L’Arche, 2018). Elle a partagé les combats du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et fait tribune commune avec des Indigènes de la République. 

 

“ On le sait, les femmes blanches n’aiment pas qu’on leur dise qu’elles sont blanches. Être blanc a été construit comme étant si ordinaire, si dénué de caractéristiques, si normal, si dépourvu de sens que, comme le signale Gloria Wekker dans White Innocence. Paradoxes of Colonialism and Race, il est pratiquement impossible de faire reconnaître à une Blanche qu’elle est blanche. Vous le lui dites, et elle est bouleversée, agressive, horrifiée, pratiquement en larmes. Elle trouve votre remarque « raciste ». Pour Fatima El Tayeb, dire que la pensée européenne moderne a donné naissance à la race représente une violation insupportable de ce qui est cher aux Européen•ne•s, l’idée d’un continent « color-blind », dépourvu de l’idéologie dévastatrice qu’il a exporté à travers le monde entier.”

 

 Extrait de l’ouvrage “Un féminisme décolonial.” 

Rokhaya Diallo

Journaliste, écrivaine, réalisatrice, militante antiraciste française d’origine sénégalaise et gambienne. Elle consacre son travail aux questions relatives à l’égalité. Co-fondatrice de l’association antiraciste “les indivisibles” dont l’objectif est de déconstruire les préjugés grâce à l’humour. Auteure de plusieurs essais dont Racisme : mode d’emploi (Larousse, 2011), elle publie en 2015 sa première bande dessinée Pari(s) d’Amies (éditions Delcourt) avec la dessinatrice Kim Consigny et Afro ! (éditions Les Arènes) avec la photographe Brigitte Sombié. 

Lauréate de plusieurs distinctions, elle reçoit en 2016, lors de la cérémonie des European Diversity Awards à Londres, un hommage à son travail, catégorie « Journaliste de l’année ». Depuis 2015, elle produit des articles et vidéos pour #RokMyWorld son blog lifestyle bilingue et ouvert sur le monde. 

 

“Le bricolage d’un passé commun, inventé pour mieux donner l’illusion d’un ciment national univoque, est en réalité destiné à exclure les indésirables.”

 

Extrait de l’ouvrage “Racisme : mode d’emploi.”

Fatou Diome

Écrivaine franco-sénégalaise, auteur d’une dizaine de romans dont un best-seller “le ventre de l’Atlantique” qui met en relief les désillusions de l’immigration des Sénégalais en France. Son œuvre explore principalement les thèmes de l’immigration en France et de la relation entre la France et le continent africain. Écrivaine libérée qui incarne une Afrique debout, Fatou Diome invitée en 2015 sur le plateau TV de Ce soir (ou jamais!) de France 2 s’était fortement indignée suite à la situation des immigrés à Lampedusa. Sa phrase choc : «On sera riches ensemble ou on va se noyer tous ensemble», avait été repris des milliers de fois sur les réseaux sociaux et lui a conféré une véritable renommée médiatique.

 

“Les gens qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si c’étaient des Blancs, la terre entière serait en train de trembler. Ce sont des Noirs et des Arabes, alors eux, quand ils meurent, ça coûte moins cher (…). Si on voulait sauver les gens dans l’Atlantique, dans la Méditerranée, on le ferait, parce que les moyens qu’on a mis pour le Frontex, on aurait pu les utiliser pour sauver les gens.”

 

Extrait de son interview dans l’émission TV Ce soir (ou jamais!) sur France 2, le 24 avril 2015

Christiane Taubira

Femme politique française d’origine guyanaise, elle a mené plusieurs combats au cours de sa carrière. Elle rejoint la mouvance indépendantiste guyanaise en 1978 et aura à cœur de dénoncer l’esclavage dont les peuples colonisés ont été les victimes. En 2001, elle a donné son nom à la loi du 21 mai reconnaissant la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. Elle est nommée au poste de Garde des Sceaux en juin 2012 suite à la victoire de François Hollande. Étrillée de toutes parts, elle est victime d’attaques racistes de la part de l’hebdomadaire Minute, la cible favorite des critiques de l’UMP et du FN et même de la part de son propre parti qui l’accuse de laxisme en recherchant des alternatives à l’emprisonnement. Mais elle ne se démonte pas et mène à son terme sa réforme pénale, ainsi qu’une loi contre le harcèlement sexuel. En 2013, ses interventions lyriques et humanistes font d’elle l’égérie des soutiens du mariage pour tous.

 

“Il faut comprendre que le combat féministe n’est pas de justifier que les femmes méritent leur place au pouvoir, mais de faire appliquer leur droit inaliénable d’accéder à toutes les sphères de la société. Ce droit est entravé sans motif valable depuis bien trop longtemps.” 

 

Christiane Taubira

Aïssa Maïga

Actrice française d’origine sénégalaise, c’est l’une des rares actrices noires en France ayant réussi à se hisser en haut de l’affiche. De “Saraka Bo” à “Il a déjà tes yeux”, elle joue dans des films et des comédies où elle incarne des femmes fortes, combattantes et attachantes. Chef de file d’un ouvrage collectif, « Noire n’est pas mon métier »,  la comédienne pointe le racisme diffus qui sévit dans le cinéma. Elle prolonge sa réflexion avec un film, Regard noir, qu’elle co-signe avec Isabelle Simeoni. Devenue orpheline à l’âge de 8 ans, elle a su suivre sa passion et faire de ses rêves une réalité, malgré toutes les remarques et critiques racistes qu’elle a pu rencontrer tout au long de parcours. 

 

“Notre présence dans les films français est encore due à la nécessité incontournable ou anecdotique d’avoir un personnage noir. Noire n’est pas mon métier.”  

 

Extrait de l’ouvrage “Noire n’est pas mon métier.” 

Et vous, quel est votre modèle d’inspiration féminine ? 

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